samedi 31 décembre 2016

A quoi sert la certitude ?

Cathédrale de Milan

Les religions se sont le plus souvent imposées de façon autoritaire avec l’aide des puissants. Sans exclure les débuts plus hésitants d’un Bouddha et ses premiers disciples ou d’un Jésus avec ses apôtres etc. L’origine du mot religion en fournit d’ailleurs la preuve. L’attitude autoritaire d’une religion transparaît dans son style de communication : injonctions, préceptes, dogmes, professions de foi, signes de soumission, lois divines, samaya, inquisitions, condamnations, excommunications, etc. Une religion peut-elle exister sans la force, sans manier la carotte (Ciel) et le bâton (Enfer) ? Le Ciel et l’Enfer avec tous leurs agents et fonctionnaires respectifs que tous les monothéismes et autres religions semblent avoir hérité du Zoroastrisme. Était-ce une invention si géniale qu’il fallait la maintenir jusqu’à nos jours ? Pourquoi est-elle toujours là ? Pourquoi fonctionne-t-elle toujours ? La deuxième question est sans doute la réponse à la première.

Une religion qui ne manie pas le style de communication « zoroastrien », qui ne manie pas la force, qui ne déborde pas de certitude(s) ne semble pas tenir le coup. Est-elle d’ailleurs réellement une « religion » ? Même en politique, le credo quia absurdum (plus c’est gros et plus ça passe) semble pouvoir garantir le succès. Politique et religion, main dans la main.

Les religions semblent plus « vraies » quand elles manifestent une volonté à laquelle tout semble devoir céder. Plus vraies qu’à leurs débuts hésitants. Comme si nous méprisions l’hésitation et la fragilité … et la pauvreté ? Comme si nous avions déjà trop d’incertitudes et que nous avions besoin de croire à des certitudes.

Le prince qui renonce à son royaume, le messie né dans un étable, le roi cosmique dans le ventre d’une femme pauvre, tout cela émeut, mais ne semble pas vraiment pouvoir répondre à nos « besoins religieux ». Sont-ce réellement des besoins ? Les religions, telles qu’elles sont devenues, ne servent-elles pas surtout à envelopper nos incertitudes dans des couches de certitudes ? La routine des rituels rassure. La pompe fait très belle impression.
« Combien j’ai pleuré à entendre vos hymnes, vos cantiques, les suaves accents dont retentissait votre église ! Quelle émotion j’ai recueillie ! Ils coulaient dans mon oreille, distillant la vérité dans mon cœur. Un grand élan de piété me [775] soulevait, et les larmes ruisselaient sur ma joue, mais elles me faisaient du bien ».[1]
Ce type de conditionnement religieux produit des certitudes (« la vérité »), mais que produisent les certitudes ?

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[1] Le christianisme médiéval par Jacques Le Goff. Saint Augustin a dit l’impression que produisaient sur lui les chants de l’église de Milan au temps d’Ambroise.

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