dimanche 24 mai 2015

Les pattes du serpent



Dans un passé très lointain, certains serpents étaient dotés de membres postérieurs.
«Les fossiles de serpents à pattes sont extrêmement rares. À ce jour, seules six espèces ont été identifiées et on ne dispose que d'un seul spécimen pour chacune d'entre elles», explique Alexandra Houssaye. Cette jeune chercheuse qui a passé sa thèse au Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (Muséum national d'histoire naturelle-CNRS), à Paris, vient d'étudier, grâce à une nouvelle technologie d'imagerie aux rayons X mise en œuvre au synchrotron ESRF de Grenoble, l'un des trois seuls spécimens pour lesquels les os du bassin et des membres ont été conservés. » (Source : Le Figaro
Dans la section sur l’état intermédiaire de la réalité transcendante du Guide des six états intermédiaires (tib bar do drug gi khrid yig) de Karma Lingpa (1326–1386), on apprend que des traces des membres disparus d’un serpent peuvent devenir apparents en appuyant dessus.
« Par exemple, même si un serpent à des bras et des jambes, ils ne sont pas visibles si on ne les presse pas. »[1]
Cette analogie est donnée, pour expliquer que la gnose de l'Intelligence, présente dans le corps, ne devient manifeste qu’en stimulant les points-clé (tib gnad sct marma). Les points-clè dans ce sens réfère à des articulations entre le Corps subtil (ou corps-vajra) et le corps physique. En travaillant certains points du corps physique, on peut atteindre des points du corps subtil et ainsi manifester ce dernier.

Ainsi, Karma Lingpa explique trois postures (tib ‘dug stangs), adoptées par le corps physique, permettant d’atteindre le Corps-vajra, qui est en fait le triple Corps d’un Bouddha. Il y a une posture pour chaque Corps. La Posture du Corps réel (sct dharmakāya) du lion (assis comme un chien), la Posture du Corps de délectation (sct saṃbhogakāya) de l’éléphant couché et la Posture du corps créationnel (sct nirmāṇakāya) du sage (sct ṛṣi) accroupi.

L’idée est qu’en adoptant ces postures, le triple Corps (sct trikāya), d’ordinaire invisible, est rendu apparent. Plus loin dans le texte, Karma Lingpa explique également trois façons de regarder (tib gzigs stangs), une pour chacun des trois Corps.
« Le regard du Corps réel consiste à regarder en tournant le regard vers le haut.
Cela a pour fonction de faire cesser simultanément toutes les apparences illusoires.
Le regard du Corps de délectation (monde imaginal) consiste à regarder en coin.
Il a pour fonction de voir les visions (épiphanies) pures de la gnose.
Le regard du Corps créationnel consiste à baisser le regard vers le bas.
Cela a pour fonction d'obtenir la maîtrise sur les énergies vitales et la pensée (sct. prāṇā citta)
. »[2]
Ces postures et regards procèdent de la théorie du triple corps et en sont le prolongement. C’est le plus évident pour les regards. Regarder vers le haut (le ciel) égale « faire cesser simultanément toutes les apparences illusoires ». Regarder en coin égale « voir les visions pures de la gnose », c’est-à-dire avoir des épiphanies de la Base, la réalité transcendante. Et regarder vers le bas égale « obtenir la maîtrise sur les énergies vitales et la pensée », c’est-à-dire obtenir la maîtrise du corps subtil.

Ces trois regards sont expliqué comme étant le point clé de la porte, la porte étant ici les yeux, qui sont « les portes (ou fenêtres) de l’âme ».

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[1] dper na sbrul la rkang lag yod kyang ma gcun na mi gsal ba lta bu'o %

[2] chos sku'i gzigs stangs gyen du bzlog nas bltas pas %
'khrul pa'i snang ba dus gcig la 'gags pa'i dgos pa yod %
longs sku'i gzigs stangs zur gyis bltas pas %
ye shes dag pa'i snang ba mthong ba'i dgos pa yod %
sprul sku'i gzigs stangs thur du phab pa'i tshul gyis bltas pas %
rlung sems la dbang thob pa'i dgos pa yod pas %
de ltar sgo'i gnad gzigs stangs gsum ma bral bar bya'o %

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