vendredi 27 septembre 2013

Sadhana, l'entretien du corps mystique



Une sādhana est l’instrument qui permet de réaliser l’objectif spirituel que l’on s’est posé. Quand cet objectif est la réintégration d’un être divin, réel ou symbolique, la sādhana réactualise le cadre mythologique de l’être divin en question. A cet effet, elle suit une structure pré-établie, conformément à la classe de tantra à laquelle elle appartient, et se sert d’éléments rituels comme support. Les sādhana bouddhistes tibétaines commencent généralement par un rappel de la lignée de transmission, qui sert à montrer que la sādhana que l’on est sur le point de mettre en œuvre est authentique et qu’elle provient en dernier ressort d’un être éveillé accompli ou surnaturel. Mais aussi et surtout à faire revivre ses personnages et le cadre mythologique dans lequel il s’inscrivent. Il faut remplir l’imaginaire avec les éléments mythologiques afin de le garder le mythe vivant et efficient, consciemment et inconsciemment.

Après cette invocation, on renouvelle sa foi en l’institution qui préserve et diffuse l’objectif spirituel, et l’on s’engage à en faire de même, autrement dit à devenir un membre actif de la communauté. Cette communauté a pour objectif de garder vivant le « corps mystique », le « Verbe » de la divinité, et il faut donc apprendre à édifier ce corps mystique sous la forme de la divinité. Cela se fera à l’aide de récitations et de visualisations. Toutes les parties du corps de la divinité et de son entourage, tous les accessoires symbolisent (T. dag pa) des aspects de l’objectif spirituel, qui seront ré-actualisés pendant les différentes phases de la sādhana.

Le rituel prend la forme d’un sacrifice. Une fois que le corps mystique a été édifié, on va se donner corps et âme, avec tout ce que l’on a et tout ce l’on es[1], à lui. De façon à ce que l’on fasse corps avec lui. Tous les membres de la communauté ne forment plus qu’un seul corps, celui de la divinité. L’objectif de la divinité, sera le leur.

Tout ce que l’on dit sera la parole (mantra) de la divinité, et vice-versa… Tout ce que l’on pense sera la pensée de la divinité, et vice-versa… De cette façon, on obtient la grâce de la divinité et l’on sera indifférencié d’elle.

Au sortir de cette ré-identification mystique, on retourne à ses devoirs de membre de la communauté. La dédicace et les prières de souhaits nous rappellent quelques-uns de nos devoirs.

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[1] « Qui meurt pour le peuple a vécu ». L'Hymne à la Nature

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