dimanche 18 août 2013

Retour à la Nature ?



La Nature (phusis) avec un majuscule, pour la distinguer de la nature, essence. Elle peut être conçue comme divine, ou comme un Dieu, « comme un seul individu dont les parties, c’est-à-dire tous les corps, varient d’une infinité de manières, sans aucun changement de l’individu total. »[1] Cette forme de naturalisme est considérée comme un monisme, voire un panthéisme. Il n’y a pas de principe d’ordre qui préexiste à la Nature. La Nature est la source de tous les êtres sans être elle-même un être déterminé[2]. C’est dans ce sens qu’elle est illimitée et éternelle. Divine pour certains. Elle échappe à tout système[3], elle est un énigme.

L’essence de l’énigme, dit Aristote[4], est de joindre ensemble des termes inconciliables, tout en disant ce qui est.[5] Lier ensemble les contraires signifie les penser en un. L’unité des contraires (S. yuganadda T. zung 'jug) est clairement reconnue par Héraclite : « Dieu est jour nuit, hiver été, guerre paix, satiété faim […]. »[6] Héraclite a refusé l’impasse qu’est l’idéalisme, ajoute Conche. Aussi « Dieu » est-il une métaphore. L’énigme suppose la métaphore, dit Aristote.[7]
« La métaphore, dit Isocrate (Evagoras, 9), est l’affaire du poète. Si les Antésocratiques, et pas seulement Héraclite, sont à la fois des philosophes et des poètes – en unité -, ce n’est pas là le signe d’une incapacité à maîtriser le concept. Simplement, ils ont pensé que, pour tenter de faire signe vers le réel infiniment énigmatique, il fallait que le concept fût porté sur les ailes de la métaphore. »
Pour voir ce qui se passe quand on perd le sens de l’allégorie ou de la métaphore et qu’elle devient une réponse, servie avec diverses sauces dogmatiques et cultuelles, je vous invite à lire le citoyen Dupuis.

***

[1] Spinoza, Ethique, II, prop. 13)

[2] Ni les Idées de Platon, ni les Atomes de Démocrite et Épicure, ni les Nombres de Pythagore.

[3] Toute théorie, toute spéculation

[4] Poétique

[5] Marcel Conche, Présence de la Nature, p. 23

[6] Marcel Conche, Présence de la Nature, p. 24

[7] Marcel Conche, Présence de la Nature, p. 25

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