lundi 18 février 2013

Devenir un héritier et gérer un patrimoine


Khyentsé Yéshé reçoit l'offrande du mandala dans le village de sa précédente réincarnation

Arte avait diffusé il n’y a pas longtemps le film-documentaire (Ma réincarnation, mon père est un maître spirituel réalisé en 2011 par Jennifer Fox ) sur la relation entre Namkhai Norbu et son fils Khyentsé Yéshé.

« Comment grandir dans l'ombre d'un père à la fois charismatique et absent ? Comment construire sa vie en composant avec le poids écrasant de la tradition, de l'héritage et du devoir ? C'est la question qui traverse ce documentaire au long cours, tourné pendant vingt ans au coeur d'une famille italienne pas tout fait ordinaire. Namkhaï Norbu Rinpoché est un maître bouddhiste tibétain exilé en Europe. Une quasi-star pour les fidèles qui viennent suivre ses enseignements et recueillir ses conseils. Pour son fils Yeshi, c'est presque un inconnu, et pas du tout un saint : « Je vois mon père environ une fois par an, et nous ne parlons jamais de choses personnelles », confesse l'étudiant, entre incompréhension et reproche, à l'entame du film. En rupture avec le modèle paternel, Yeshi, qui a été reconnu comme la réincarnation d'un de ses oncles, n'imagine pas devenir maître bouddhiste à son tour. Il rêve d'une vie « normale » d'« Italien moyen ».

Mais la vie a ses surprises, et les héros leurs faiblesses. Devenu « père de famille ordinaire » et businessman, Yeshi doit faire face à la maladie soudaine de son père. Héritier malgré lui, le fils prend peu à peu la relève, se coule avec une conviction grandissante dans la responsabilité spirituelle qui lui était promise depuis l'enfance.

Un revirement auquel ce film sans commentaire laisse sa part de mystère. Prendre le temps de regarder les hommes changer, c'est le pari et la force du travail de Jennifer Fox : en juxtaposant les propos de Yeshi et de Rinpoché, en les saisissant dans leur quotidien le plus ordinaire pendant deux décennies, elle trace, autour de cette relation filiale hors norme, un lent et touchant récit initiatique. » [Virginie Félix de Télérama)

Le film couvre une période de 20 ans, au cours desquels on voit évoluer la relation entre père et fils et où l’on voit petit à petit Yéshé succomber à la volonté de son père. Dès son plus jeune âge, Yéshé se dit traité par son père comme le fils d’un maître tibétain, pas comme son fils. Tout comme Namkhai Norbu fut lui-même reconnu par son oncle Khyentsé rinpoché comme la réincarnation d’un yogi du nom « Dharmaraja », son fils Yéshé fut reconnu (par H.H. Sakya Trizin) comme la réincarnation de l'oncle Khyentsé rinpoché, d’où son nom actuel Khyentsé Yéshé. C’est courant dans le bouddhisme tibétain, et notamment dans l’école nyingma où les lama sont souvent mariés. Namkhai Norbu dit au début du documentaire qu’il s’est opposé au système tibétain (4 :07). On le voit, très nature, vivre une vie normale, il joue au bowling, il s’habille normalement, des fois même en survête et enseigne surtout qu'il faut ouvrir les yeux, ouvrir ses sens et s’ouvrir à sa condition. Etre présent...

Son fils Yéshé n’a pas beaucoup de temps pour le Dzogchen et tous ces gens qui envahissent sa vie et qui lui dérobent de son père. Mais quand il devient lui-même père, et que son père tombe très malade, il change  d’optique. Il veut aider son père, mais pense que seul un autre maître pourrait l’aider. Initialement, Namkhai Norbu se prépare à mourir, puis se dit qu’il devrait sortir de cette négativité. Il commence à « pratiquer » et à réciter des mantras. Il guérit, mais reste généralement plus affaibli.

La communauté Dzogchen grandit, des problèmes apparaissent, la situation se détériore. Namkhai Norbu dit qu’après sa mort, tout disparaîtra et sera annihilée par les divisions qui se multiplieront (0 :58). Namkhai Norbu s’arrêterait bien, mais tellement de gens lui font confiance, s’il y avait moyen, il s’arrêterait de suite. Yeshi a fait carrière et passe beaucoup de temps sur les routes. Il connaît bien l’organisation des entreprises. La communauté Dzogchen ne pourrait-elle pas s’organiser comme une entreprise ? Pendant ses longs trajets en voiture, il a commencé à réciter des mantras et découvert que cela calmait son stress. Il prend alors la décision d’aider son père en apportant son propre savoir-faire entrepreneurial et il devient le disciple de son père. On le voit raconter les rêves qu’il avait eu, enfant, de sa vie antérieure, du village où il était lama Khyentsé rinpoché. Les habitants de ce village attendent le retour de leur lama depuis longtemps. Yéshe décide d’y aller. Il finit par devenir Khyentsé Yéshé (1:26:49).

Voir ce documentaire en ligne.

Hexagon, entreprise de coaching de Yeshi Silvano Namkhai. Cette entreprise avait organisé le "Seminar for management" de Int. Dzogchen Community en Russie.

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