samedi 23 octobre 2010

Traduction : L'intuition du trépassement



Comme vu précédemment, "le Dialogue Mahāyāna qui a pour titre L'intuition du trépassement" fait partie des dix textes que Vajrapāṇi aurait transmis à Nakpo Sherdé (nag po sher dad). Ce sūtra aurait déjà été disponible au Tibet au temps du Roi Khri song lde bcan [1]. Il n'en existe cependant pas de version en sanscrit ou en chinois. Son lien avec la Mahāmudrā doit probablement être cherché dans l'effort de trouver des textes canoniques justifiant et authentifiant la méthode utilisée dans la Mahāmudrā. Ce texte, qui mentionne la conscience ordinaire (citta) comme lumineuse, pure et comme la source de l'intuition (jñāna) et qui affirme que le Buddha ne doit pas être cherché d'ailleurs, est sur ce point en harmonie avec le Ratnagotravibhāga.

Pour plus de contexte sur ce sūtra, lisez l'article (en anglais) de Roger R. Jackson qui l'associe au Nirvāṇa-​sūtra.

Voici la traduction en français :

[305] En langue indienne : Ārya-ātajñāna-nāma-mahāyāna-sūtra
En tibétain : 'phags pa 'da' ka ye shes zhes bya ba theg pa chen po'i mdo
[En français : Dialogue mahāyāna qui a pour titre "L'intuition du trépassement"]

Hommage à tous les buddha et bodhisattva.

Ainsi ai-je entendu. Un jour, le Bienheureux séjournait dans le palais céleste d'Akaniṣṭha et y enseignait la Doctrine à tout son entourage.Le bodhisattva mahāsattva Akāśagarbha rendit hommage au Bienheureux et lui adressa la parole :
- Bienheureux, comment un bodhisattva doit-il contempler la conscience (S. citta) au moment de la mort ?
Le Bienheureux lui répondit :
- Akāśagarbha, au moment de la mort un bodhisattva doit cultiver l'intuition du trépassement (S. ātajñāna). L'intuition du trépassement est cultivée correctement en la notion (S. saṃjñā) que tous les faits (S. dharmā) sont naturellement authentiques (S. viśuddha) et que de ce fait ils n'ont pas de réalité foncière (S. abhāva). Tous les faits étant contenus dans la conscience éveillée (S. bodhicitta), [l'intuition] est correctement développée en la notion de la compassion universelle (S. mahākaruṇā). Tous les faits étant naturellement les reflets de la luminosité (S. ābhāsvara?), [l'intuition] est correctement développée en la notion de leur absence de référence/caractère insaisissable. Toutes les choses réelles (S. vastu) étant éphémères, [l'intuition] est correctement développée en la notion du dépassionnement (S. virāga). L'accès à la conscience étant intuition, celle-ci est correctement développée en la notion que le buddha ne se trouve pas ailleurs. Le Bienheureux énonça ensuite les versets suivants :
"Les faits [mentaux] étant naturellement authentiques
Cultivez la notion qu'ils manquent de réalité foncière
Avec la conscience éveillée
Cultivez la notion de la compassion universelle
Les faits [mentaux] étant par nature des réflexions de la luminosité
Cultivez la notion qu'ils sont insaisissables
Toutes les choses (S. vastu) étant éphémères
Cultivez la notion qu'elles sont dépassionnées (S. virāga)
La conscience étant la cause (S. hetu) de l'intuition
Ne cherchez pas ailleurs le buddha"
Quand le Bienheureux avait fini de parler ainsi, le bodhisattva Akāśagarbha [306] et toutes les autres personnes présentes furent très contents et se réjouissèrent. Ils firent l'éloge des paroles du Bienheureux. Ici se termine le Dialogue mahāyāna qui a pour titre "L'intuition du trépassement"

***
Illustration : le bodhisattva Akāśagarbha

[1] Marcelle Lalou, “Les Textes Bouddhiques au Temps du Roi Khri-soṅ-lde-bcan,” Journal Asiatique (1953), 325 (n° 270)


Texte tibétain wylie

[305] rgya gar skad du/ Arya A ta dz+nyA na nA ma ma hA yA na sU tra/
bod skad du/ 'phags pa 'da' ka ye shes zhes bya ba theg pa chen po'i mdo/
sangs rgyas dang byang chub sems dpa' thams cad la phyag 'tshal lo/
'di skad bdga gis thos pa dus gcig na/ bcom ldan 'das 'og min lha'i rgyal po'i khang bzang na bzhugs te 'khor thams cad la chos ston pa dang*/ byang chub sems dpa' sems dpa' chen po nam mkha'i snying pos bcom ldan 'das la phyag 'tshal nas 'di skad ces gsol to/ bcom ldan 'das byang chub sems dpa' nam 'chi kha ma'i sems ji ltar blta bar bgyi/ bcom ldan 'das kyis bka' stsal ba/ nam mkha'i snying po byang chub sems dpa' nam 'chi ba'i dus kyi tshe 'da' ka ye shes bsgom par bya'o/ de la 'da' ka ye shes ni chos thams cad rang bzhin gyis rnam par dag pas na dngos po med pa'i 'du shes rab tu bsgom par bya'o/ chos thams cad byang chub kyi sems su 'dus pas na snying rje chen po'i 'du shes rab tu bsgom par bya'o/ chos thams cad rang bzhin gyis 'od gsal bas na mi dmigs pa'i 'du shes rab tu bsgom par bya'o/ dngos po thams cad mi rtag pas ni ci la yang mi chags pa'i 'du shes rab tu bsgom par bya'o/ sems rtogs na ye shes yin pas na sangs rgyas gzhan du mi btsal ba'i 'du shes rab tu bsgom par bya'o/ bcom ldan 'das kyis tshigs su bcad de bka' stsal ba/
chos rnams rang bzhin rnam dag pas//
dngos po med pa'i 'du shes bsgom//
byang chub sems dang rab ldan pas//
snying rje chen po'i 'du shes bsgom//
chos rnams rang bzhin 'od gsal bas//
dmigs pa med pa'i 'du shes bsgom//
dngos po thams cad mi rtag pas//
chags pa med pa'i 'du shes bsgom//
sems ni ye shes 'byung ba'i rgyu//
sangs rgyas gzhan du ma tshol cig/
bcom ldan 'das kyis de skad ces 'tsal pa dang*/ byang chub sems dpa' nam [306] mkha'i snying po la sogs pa'i 'khor 'dus pa thams cad rab tu dga'am gu yi rangs nas/ bcom ldan 'das kyis gsungs pa la mngon par bstod do/ 'phags pa 'da' ka ye shes zhes bya ba theg pa chen po'i mdo rdzogs so//
Source :
'da' ka ye shes kyi mdo - bka' 'gyur (sde dge par phud) Volume 54 pages 307 - 308

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